Myōichi-nyo
Myōichi-nyo
Elle avait une foi solide et a reçu plusieurs lettres de
Nichiren,qui lui accordait une grande confiance.
Elle était une croyante sincère et assez bien éduquée,
bien qu'en mauvaise santé.
Alors que Nichiren était en exil sur l'île de Sado
pendant les années entre 1271 et 1274, elle a envoyé
son serviteur pour le suivre.
Elle se prive des comoditées pour Nichiren.
Bien qu'elle ait dû élever seule leurs deux enfants,
elle a envoyé son domestique à Nichiren avec des
offrandes pendant qu'il était à Sado et à Minobu.
C’était une femme cultivée qui avait perdu son mari
et luttait au prix de nombreuses difficultés pour élever
seule ses enfants.
Nichiren écrivit cette lettre pour l’encourager,
en lui expliquant que les croyants du Sūtra du
Lotus étaient comme au cœur de l’hiver,
mais que l’hiver se transforme inéluctablement
en printemps.
Lettre qui Nichire l'adresse :
Points de repère
Écrite au mont Minobu le cinquième mois de la
première année de Kenji (1275), cette lettre est
de celles que Nichiren envoya à la nonne
séculière Myōichi, qui vivait à Kamakura.
Cette lettre révèle que le mari de la nonne
séculière avait une forte croyance puisqu’il
continua à suivre Nichiren, même quand on
lui confisqua son fief du fait de sa foi.
Il mourut en s’inquiétant pour Nichiren,
alors en exil, et pour sa femme, de constitution
fragile, qui aurait la charge de leurs deux enfants.
Mais Nichiren assure Myōichi que son mari
a reçu les mêmes bienfaits que des sages tels
que le garçon Montagnes-Neigeuses et le
bodhisattva Roi-de-la-Médecine et qu’il protège
sa famille en deuil.
Les enfants ont de la peine à grandir si même
un seul de leurs parents vient à leur manquer.
Votre défunt mari a laissé derrière lui un fils malade,
une fille, et vous, leur mère, qui souffrez d’une
constitution fragile. À qui aurait-il pu confier sa famille
avant de quitter ce monde ?
Même si les parents portent à tous leurs enfants un
amour égal, ils se préoccuperont davantage
de l’enfant malade. » Dans La Grande Concentration et Pénétration.
Tiantai commenta ainsi ce passage de sūtra :
« Même si les parents de sept enfants sont dépourvus
de toute partialité, ils se préoccupent p.539 cependant
davantage de leur enfant le plus malade. » Pour l’essentiel,
il est donc dit dans le sūtra que, même si des parents ont
beaucoup d’enfants, leur cœur ira vers celui qui est malade.
Or le Bouddha considère tous les êtres vivants
comme ses enfants. Parmi eux, l’homme coupable
d’avoir assassiné ses propres parents et d’être devenu
un ennemi du Bouddha et des sūtras est comparable
à l’enfant malade.
Votre défunt mari avait un fils, qui était souffrant,
et une fille. Je ne peux m’empêcher de penser au
chagrin qu’il a dû ressentir en sachant que,
s’il devait les abandonner en quittant ce monde,
son épouse âgée, aussi faible qu’un arbre desséché,
se retrouverait seule, et il a dû éprouver bien de la peine
pour ses enfants.
De plus, il s’est peut-être aussi inquiété pour Nichiren.
Mais, puisque les paroles du Bouddha ne peuvent en
aucun cas être mensongères, il est certain que le
Sūtra du Lotus se propagera largement. De ce fait,
votre mari a peut-être senti qu’il allait se passer
quelque chose et que ce moine serait de plus en plus hautement respecté.
Contrairement à ce qu’il espérait, j’ai été exilé,
et il a dû se demander comment le Sūtra du Lotus
et les dix filles rakshasa avaient bien pu tolérer cela.
S’il était encore en vie, quelle joie serait la sienne de
voir que Nichiren a été gracié ! Et qu’il serait content
d’apprendre que ma prophétie s’est réalisée,
maintenant que l’empire mongol a attaqué le Japon
et que le pays est en pleine crise.
Ce sont là des sentiments bien normaux
pour un homme du commun.
Ceux qui croient dans le Sūtra du Lotus
* vivent comme en hiver,
mais l’hiver se transforme toujours en printemps.
Jamais, depuis les temps anciens, personne
n’a vu ni entendu dire que l’hiver s’était transformé en automne.
De même, jamais nous n’avons entendu parler d’un croyant
du Sūtra du Lotus qui se soit transformé en être ordinaire.
On lit dans le Sūtra : « Quant à ceux qui entendent la Loi,
aucun ne manquera d’atteindre la bouddhéité. »
Votre défunt mari a donné sa vie pour le Sūtra du Lotus.
Sa subsistance dépendait entièrement d’un petit fief
qui lui fut confisqué à cause de sa foi dans ce Sūtra.
Cela équivaut sûrement à donner sa vie pour lui.
Le garçon Montagnes-Neigeuses a pu faire don de son corps
en échange de la moitié d’un verset d’un enseignement
bouddhique et le bodhisattva Roi-de-la-Médecine
s’est brûlé les bras en offrande au Bouddha,
car l’un et l’autre étaient des sages et c’était pour eux aussi
naturel de faire don de leur corps que de verser de l’eau pour éteindre un feu.
Mais pour votre mari, qui était un homme du commun,
c’était comme ajouter du papier pour alimenter un feu.
Quand on y pense, il a dû certainement obtenir des bienfaits
aussi grands que les leurs.
Il observe probablement son épouse et ses enfants dans les miroirs célestes du soleil et de la lune à chaque instant du jour et de la nuit. Vous et vos enfants étant des hommes du commun, vous ne pouvez ni le voir, ni l’entendre, de même que les sourds ne peuvent entendre le tonnerre ni p.540les aveugles voir le soleil. Mais ne doutez jamais de sa protection. Qui plus est, il est peut-être tout proche de vous.
Au moment précis où je pensais venir vous voir dès que l’occasion se présenterait, vous m’avez fait parvenir un vêtement jusqu’ici. Voilà une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout.
Le Sūtra du Lotus étant le plus noble de tous les sūtras, je peux encore accroître mon influence en cette existence. Si c’est le cas, vous pouvez être certaine que je veillerai sur vos enfants, que vous soyez encore en vie ou que vous observiez [la situation] depuis votre sépulture.
Pendant que j’étais dans la province de Sado, puis durant mon séjour ici [au mont Minobu], vous m’avez envoyé votre serviteur pour me venir en aide. En quelle vie pourrais-je jamais oublier ce que vous avez fait pour moi ? Je m’acquitterai de ma dette de gratitude en me mettant à votre service dans la vie prochaine.
Nam-myōhō-renge-kyō, Nam-myōhō-renge-kyō.
Avec mon profond respect,
Ce que nous appelons la foi n’a rien d’exceptionnel.
La foi consiste à se fier au Sūtra du Lotus, à Shakyamuni, à Maints-Trésors,
aux bouddhas et aux bodhisattvas des dix directions,
aux dieux célestes et divinités bienveillantes et
à réciter Nam-myōhō-renge-kyō,
de la même façon qu’une femme chérit son mari,
qu’un homme donne sa vie pour son épouse,
que des parents refusent d’abandonner leurs enfants
ou qu’un enfant refuse de quitter sa mère.
De plus, il faudrait aussi méditer sur ces passages de Sūtra
« renonçant très clairement à me servir des moyens opportuns »
et « sans accepter un seul verset d’aucun autre sūtra »,
sans jamais envisager de les rejeter,
de même qu’une femme refuse de se séparer de son miroir, ou qu’un homme porte toujours son sabre.
Avec tout mon respect,
Nichiren
Le huitième jour du cinquième mois
Réponse à la nonne séculière Myōich
Nichiren
Une réponse pour toutes les femmes qui elevent seules les enfants.
Faire des offrandes au Bouddha procure des bienfaits aussi considérables [que de naître en tant que roi], mais on obtient des bienfaits encore plus grands en faisant des offrandes au Sutra du Lotus.
Le Bouddha ne manquait pas de nourriture. Je suis donc certain que les bouddhas Shakyamuni et Taho et les dix Filles-démones ne manqueront jamais de vous protéger.