AVANT LA MORT SELON LE BOUDDHISME de Nichiren
La mort selon le bouddhisme de Nichiren
Définition de la mort
La mort figure comme un thème récurrent dans des pratiques bouddhiques parce que la mort représente la nature transitoire et instable de toute être vivant.
Les hommes vivent dans l'incertitude, sans connaître le moment de leur mort, dans le monde de l'impermanence.
Rien n'est plus redoutable au monde que la morsure des flammes, l'éclat du sabre et l'ombre de la mort. Même les chevaux et le bétail craignent d'être tués ; rien d'étonnant à ce que les êtres humains aient peur de la mort.
Puis que rien de plus précieux que la vie elle-même, ceux qui consacrent leur vie à la pratique bouddhique deviendront immanquablement bouddha.
Ce monde est celui de l'impermanence. Même les gens bien portants ne peuvent échapper à la mort, à plus forte raison les personnes malades. Ceux qui ont l'esprit de recherche devraient donc penser à leurs vies futures.
Dans le domaine de la vie et de la mort, personne ne peut prévoir de manière certaine qui mourra jeune ou vieux.
"La nature intrinsèque de la mort est elle-même dépourvue de tout ce qu'onpourrait appeler nature".
Il est rare de naître en tant qu'être humain. Ceux qui vivent sous forme humaine sont en nombre infime, comme la quantité de grains de sable qui peut tenir sur un ongle.
La vie en tant qu'être humain est difficile à conserver, aussi difficile que pour la rosée de rester sur l'herbe.
Mais il vaut mieux ne vivre qu'un seul jour avec honneur que de vivre jusqu'à cent-vingt ans pour mourir dans la honte.
Les trois sortes de trésor (Minobu, le 11 septembre 1277, à Shijo Kingo)
Nichiren à prononcé ses vœux dès le plus jeune âge et à cherche la vérité dans les enseignements bouddhiques.
Vu le contexte de la lettre à Myoichi-ama et d’après les écrits de Nichiren dans leur ensemble, il semblerait que sa volonté de « tout d'abord comprendre le moment de la mort », soit due non seulement à une prise de conscience de son désir de délivrance , mais également un intérêt plus direct pour la manière dont meurent les personnes.
On voit dans l'histoire du prince Siddhartha ,le futur Bouddha, que la vue d'un cadavre transporté dans une procession funèbre incite à quitter le palais de son père et à devenir un ascète errant
La mort rappelle au pratiquant que le travail reste à faire et que le temps pour l’accomplir est éphémère.
Lorsque l'esprit d'un homme quitte le corps après la mort, un esprit maléfique peut s'en emparer et détruire sa descendance. A l'inverse, si une personne avisée loue le Sutra du Lotus et en recouvre le défunt, alors, bien que sa dépouille demeure, son esprit devient le Corps du Dharma.
Si un sage éveillé au Sutra du Lotus effectué la cérémonie d'offrande aux reliques d’un défunt, celui-ci devient le Corps du Dharma.
La forme et l’esprit du défunt, transformés, deviennent sagesse mystique et objet mystique de la sagesse. Autrement dit, c'est l'atteinte de la bodhéité dès ce corps" (sokushin jobutsu).
L'ouverture des yeux des images sculptées ou peintes (Kamakura 1264)
Une bonne mort
Une bonne mort, censée libérer le pratiquant des souffrances de la renaissance samsarique et le conduire à la naissance.
Pour Nichiren, le Sutra du Lotus était pour tous la « voie directe » pour atteindre la bodhéité.
Puisque les actions dans cette vie sont censées affecter la condition dans la suivante, les pratiques bouddhistes pourraient être considérées comme un élément de préparation à la mort.
Après la mort, on obtiendra les bienfaits du monde des hommes ou du monde du ciel.
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Les souffrances ne deviennent le nirvana que si l'on réalise que la réalité
de la vie humaine, à travers vie et mort, ne peut ni apparaître ni disparaître.
Les désirs mènent à l'éveil (Sado, le 2 mai 1272 ; à Shijo Kingo)
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Lorsque ceux qui ont fait le bien sont sur le point de mourir, les éléments
terre et eau partent tout d'abord. les mourants sont sereins, sans aucune douleur.
Il existe l'hypothèse qu'une bonne mort reflète les mérites spirituels et la renaissance dans un
monde ou état FAVORABLE.
La mort idéale
Nichiren décrit la mort de Shanwuwei comme idéale, dans la même position
que le Bouddha : « Couché sur le côté droit, les deux pieds l’un sur l’autre,
il est mort tranquillement... Etant imprégné de sagesse et de méditation,
son corps ne se décomposa pas. » Car il mourut dans un état de pleine-conscience.
Quand une personne meurt, si elle est destinée à tomber en enfer,
son teint devient noirâtre, et son corps, aussi lourd qu'une pierre
qu'il faudrait mille hommes pour déplacer.
Mais s'il s'agit d'une personne dont la foi est sincère, même si c'est une femme de très grande taille et de teint foncé, au moment de sa mort, son visage rayonnera de pureté, et son corps sera aussi léger qu'une plume d'oie, aussi doux et malléable que du coton.
Le tambour à la porte du Tonnerre (Minobu, 19e jour du 10 mois (intercalaire) 1278, à Sennichi-ama)
Vous dites aussi que la couleur de sa peau était plus claire que lorsqu’il était en vie et que son corps n’était pas contorsionné... Parce qu'il a récité Nam Myoho Renge Kyo au dernier moment, ses actes négatifs commis dans cette vie aussi bien que depuis le passé incommensurable ont été transformés en graines de bodhéité. C'est ce que l'on entend par les doctrines (atteinte de la bodhéité dès ce corps).
Nous avons vu que pour Nichiren, tout comme pour ses contemporains, la façon de mourir (recueillement ou agonie) et l’apparence de la dépouille (paisible ou difforme) étaient des indications tant des pratiques spirituelles de l'individu que de son destin post-mortem.
Nichiren et ses disciples face à la mort
Il a également assuré ses disciples que, grâce à leurs liens avec lui en tant que pratiquant du Sutra du Lotus, ils seraient protégés pendant la période liminale incertaine de l'état intermédiaire entre cette vie et la suivante. Il écrit à Nanjo Tokimitsu
« Même si on ne peut savoir quand ni soi ni d’autres personnes vont mourir, je ne manquerai pas de venir à votre rencontre à l'heure de votre mort, dans l'intervalle entre cette vie et la suivante »
Nichiren loue également beaucoup la façon dont meurent ceux qui, parmi ses disciples, récitent à ce moment daimoku, comme la fille du nyudoIshikawa :
« C’est sans doute à cause de son karma des vies antérieures que cette personne a pu réciter Nam Myoho Renge Kyo au moment de la mort.
Cela est aussi rare que la tortue borgne trouvant un morceau de bois flottant sur l’océan et comportant un creux parfaitement adapté à sa taille, ou à un fil tombant du ciel sur le sol et trouvant son chemin dans le chas d'une aiguille. Comme c’est merveilleux! »
BIENAITS DE RECITER JUSQ'UA LA MORT
La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer.
Même si l'on menaçait de nous couper la tête avec une scie, de nous empaler sur une lance, de nous mettre aux fers et de nous transpercer les pieds avec une vrille, aussi longtemps que nous serons en vie, nous devrons continuer à réciter Nam Myoho Renge Kyo, Nam Myoho Renge Kyo.
Myo représente la mort et Ho représente la vie. Ainsi, la vie et la mort de tous les phénomènes ne sont que les deux phases de Myoho Renge Kyo.
Si nous récitons cette phrase jusqu'au moment ultime de notre mort, immédiatement, Shakyamuni, Taho, tous les autres bouddhas de l'univers viendront à notre rescousse, Nous prenant par la main ,tenant ainsi fidèlement la promesse faite lors de la cérémonie du Pic du Vautour.
Les deux saints, les deux divinités célestes et les Jurasetsu nous garderont, tandis que toutes les divinités bouddhiques tendront un dais par dessus nos têtes et déploieront bien haut des oriflammes. Ils nous escorteront pour nous protéger jusqu'à la Terre de Bouddha. » (réf.)
Une mauvaise mort
La notion qu'une mauvaise mort pourrait refléter une faille dans la doctrine enseignée ou vécue par la personne concernée n'est pas propre à Nichiren mais apparaît dans d'autres écrits de l'époque.Par exemple, l’éminent prélat Tendai.
Nichiren aborde le sujet de la pleine-conscience des derniers instants et suggère que les mauvaises morts étaient souvent dissimulées par la famille ou les disciples des défunts à cause d’un sentiment de loyauté ou par souci des apparences, ne faisait qu’augmenter la souffrance de la personne décédée :
Quel dommage ! Lorsqu’un défun est tourmenté par des souffrances insupportables, et ses disciples l’y maintiennent en louant la façon dont il est mort, accroissant et prolongeant ses souffrances infernales.
Une fin épouvantable, signe qu'ils avaient accumulé les causes d'un destin misérable.
Quand ceux qui ont fait le mal sont sur le point de mourir, écrit-il, le vent et les éléments fins partent en premier lieu ; les mourants sont donc agités et fiévreux et souffrent énormément.
Lorsque ceux qui ont fait le bien sont sur le point de mourir, les éléments terre et eau partent tout d'abord. les mourants sont sereins, sans aucune douleur.
D'après les paroles d'or du Bouddha lui-même, avoir une peau qui noircit après la mort est une caractéristique dénotant qu'une personne tombera en enfer. »
Quoi qu'il arrive, n'encourez jamais une mort pitoyable. Mise en garde contre l'attachement à son domaine (Minobu, juillet 1277, à Shijo Kingo)
LA MORT D'UN ENFANT
On peut trouver un nouveau maître, ou se consoler d'une rupture en se remariant. Mais la douleur pour des parents d'avoir perdu un enfant semble s'aggraver avec le temps.
Même s'il est toujours douloureux pour des enfants de perdre leurs parents, que les parents meurent et que les enfants continuent à vivre, telle est la loi de la nature. Mais quelle tristesse lorsqu'une mère âgée est précédée dans la mort par son enfant ! Il y a de quoi reprocher leur injustice aux divinités et aux bouddhas. Pourquoi la mort ne vous a-t-elle pas pris à la place de votre enfant ? Pourquoi avez-vous dû lui survivre si c'est pour endurer une telle souffrance ? C'est véritablement insupportable. Lettre à Konichi-bo (Minobu, mars 1276 à la veuve Konichi, mère de Yashiro)
Dans le passage de sutra Sutra Kegon , il est dit que ceux qui négligent leurs dettes de reconnaissance connaissent souvent une mort prématurée. Ceux qui au contraire accomplissent leur devoir de piété filiale ne connaîtront pas cette sorte de mort. La consécration d'une statue du bouddha (Minobu, le 15 juillet 1276 à Shijo Kingo)
Suicide après des calomnies contre le Sutra du Lotus
Shandao a grimpé dans un saule devant le temple où il vivait, s’est attaché par le cou, puis a sauté, et c’est ainsi qu’il mourut. Mais personne ne remit en cause ses enseignements erronés.
Avant sa mort, il avait dit: ‘‘ce corps doit être abominé ; il accumule un nombre incalculable de douleurs qui ne connaissaient pas de répit’’.
Puis il a grimpé sur le saule devant le temple où il vivait et, face à l'ouest, a prié : ‘‘puissé-je être saisi par le pouvoir extraordinaire du Bouddha ; puissent [les bodhisattvas] Kannon et Seishi venir me sauver.’’ Ayant prononcé ces paroles, il se jeta du haut de l'arbre.
Peut-être que la corde s'est cassée, ou peut-être la branche du saule a rompu, mais il est tombé sur une terre durcie par la sécheresse et se fractura le bassin. Il a survécu pendant sept jours et sept nuits, estropié, gémissant dans les affres de l’agonie... Et enfin mourut dans le délire.
Nichiren écrit là encore, il affirme que c’est en raison de ses calomnies contre le Sutra du Lotus.
Nichiren fait également quelques remarques en critiquant la pratique de "jigai ojo"ou suicide religieux loué par certains ascètes.
Le faire tenir dans les mains les rouleaux des textes sacrés.
Limportance accordée au mandala, non seulement pour la pratique ordinaire, mais aussi au moment de la mort.
L' incruster près du mourant devait permettre aux pratiquants d’affronter la mort avec courage et un esprit préparé, alors que l’enterrer avec le corps ou l'inscrire sur lses vêtments était perçu comme un talisman dans la transition entre ce monde et l’autre.
Les participants devaient disperser des fleurs et brûler de l’encens, et se tenir loin de ceux qui avaient récemment consommé de l'alcool ou mangé de la viande, réduire les conversations futiles.
Genshin, recommande, entre autres, que l’on commente au mourant certaines stances du Sutra du Lotus.
La récitation de daimoku en tant que «triple contemplation de l’unité» est particulièrement adaptée au moment de la mort.
L’utilisation du kyo-katabira « la robe du sutra », vêtement ou suaire enroulé autour du cadavre portant l’inscription — selon l’appartenance religieuse du défunt ,était censée assurer la délivrance du défunt des ses péchés, et lui assurer la protection dans l'au-delà, voire aider àl’atteinte de la bodhéité.
Le mandala complet était inscrit sur le kyo-katabira, ainsi que le nom de Dharma de la personne décédée.
Enterrer le mandala avec le corps ou l'inscrire sur le kyo-katabira était perçu comme un talisman dans la transition entre ce monde et l’autre.
Lire le Sutra du Lotus régulièrement sur sa tombe.
Nichiren n'établit aucune forme spécifique de pratique ritualisée pour les mourants.
Malgré l'existence de nombreux précédents, n’a-t-il pas proposé une forme quelconque de pratique du chevet fondée sur le Sutra du Lotus.
Une destination post-mortem N'est pas un domaine à part, mais comme la continuation de l’Éveil que l'on réalise dans cette vie — pourrait expliquer pourquoi Nichiren ne croyait pas nécessaire d'établir une pratique du chevet formalisée.
« Ceux qui ont foi dans le Sutra du Lotus, à l'heure de la mort, même s’ils ne contemplent pas mentalement en esprit le Bouddha mais récitent par la parole, Nam Myoho Renge Kyo , Même sans tenir dans les mains les rouleaux des textes sacrés, ils auront le mérite de serrer contre eux les huit rouleaux du Sutra du Lotus.
La rétribution bonne ou mauvaise [dans la prochaine vie] dépend de la dernière pensée.
Même une personne mauvaise, si elle rencontre un « bon ami bouddhiste » lui donnant à l’heure de la mort les instructions , il naitra dans sa Terre Pure.
Si subitement vous deviez sentir l’approche de la mort, alors même si vous avez mangé du poisson ou de la volaille, si vous êtes capable de lire le Sutra, faites-le et aussi récitez Nam Myoho Renge Kyo. » APRES LA MORT D'UN PRATICANT
« A propos de celui qui fait jaillir sa foi en récitant Nam Myoho Renge Kyo avec la conviction profonde que maintenant est le dernier instant de sa vie, le Sutra enseigne :
"Après sa mort, mille bouddhas lui tendront la main pour le libérer de toute peur et pour l'empêcher de tomber dans les voies mauvaises."
Comment retenir nos larmes de joie, sachant que ce ne sont pas seulement un ou deux, cent ou deux cents, mais pas moins de mille bouddhas qui viendront bras ouverts à notre rencontre !
Mais cette Terre n'est pas postulée par opposition à ce monde-ci et il n’est pas nécessaire d’être mort pour y accéder, c’est la Terre Pure du Pic du Vautour.
La réalisation d'une société pacifique et harmonieuse grâce à la propagation de la foi dans le Sutra du Lotus. Et en ce qui concerne l'au-delà, c’est la Terre Pure du Pic du Vautour.
Et quand viendra le temps de monter au sommet de l'Éveil merveilleux, en regardant partout autour de vous, quelle joie sera la vôtre de découvrir que l'univers entier est une Terre de bouddha éternellement illuminée ! Le sol sera en lapis-lazuli, les huit Nobles Voies seront indiquées par des cordes d'or, et du ciel pleuvront quatre sortes de fleurs.
La musique retentira à travers les airs. Tous les bouddhas et les bodhisattvas seront présents, caressés par les brises de l'éternité, de la joie, de la véritable identité et de la pureté, goûtant un bonheur sans mélange. Le temps approche où nous aussi, nous serons parmi eux. Mais, si notre croyance est faible, nous ne parviendrons jamais en ce lieu merveilleux. » (réf.)
Ce [monde est implicite] inhérents aux trois mille mondes en un instant-pensée .
PAS DECOURAGER FACE AUX SUFFRANCES
« Si vous cédez au découragement parce que les souffrances que vous endurez en cette vie-ci vous semblent déjà très grandes, vous devriez réciter Nam Myoho Renge Kyo en pensant que les souffrances d'une vie future pourraient être plus grandes encore.
Et quand vous êtes heureux, vous devriez penser que la joie en cette vie-ci n'est qu'un instant dans un rêve, alors que la joie ressentie sur la Terre Pure du Pic du Vautour est le véritable bonheur.
Avec cette pensée à l'esprit, récitez Nam Myoho Renge Kyo. Persévérez dans votre pratique, sans jamais l'abandonner, jusqu'au dernier instant de votre vie.